Stratégie numérique en éducation : définir les compétences avant de s’attarder aux moyens

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) a invité les organisations à lui faire part de leurs réflexions en vue de l’élaboration de sa stratégie numérique en éduction. Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de la préparation d’une nouvelle Stratégie nationale de la recherche et de l’innovation par le ministère de l’Économie de la Science et de l’Innovation (MESI) Dans son mémoire présenté au MEES, le CTREQ fait valoir l’importance de définir d’abord les compétences à développer (le « quoi »), avant de s’attarder aux moyens technologiques à mettre en place (le « comment »).

Plusieurs initiatives sont en cours pour développer les compétences numériques des élèves du primaire et du secondaire au Québec. Toutefois, l’utilisation qui est faite des TIC se cantonne trop souvent dans des initiatives isolées portant sur le « comment ». Au-delà de ces initiatives, il faut s’attarder au « quoi » et, plus précisément, aux compétences, notamment celles qui renforcent la réussite scolaire et la participation citoyenne.

L’ajout des compétences numériques au curriculum des élèves ne devrait pas nécessiter d’aménagement dans l’horaire, déjà fort chargé, mais leur intégration aux activités d’apprentissages disciplinaires. Dans son mémoire, le CTREQ propose au Ministère un cadre qui pourrait servir de point de départ aux travaux devant mener à l’identification de ces compétences.

Les compétences numériques

Au fur et à mesure que les élèves interagissent en réseaux dans des environnements ouverts, ils développent des « compétences techniques » relatives à la sécurisation de leur identité et de leurs données, compétences qui auraient avantage à apparaître au curriculum. Les « compétences collaboratives » et les attitudes qui ont trait à l’établissement d’un code d’éthique dans l’univers du numérique devraient aussi être développées.

Les médias numériques et des technologies de l’information et des communications facilitent l’accès à l’information et font ressortir l’importance de ceux-ci dans le développement de la créativité, de l’innovation, de la pensée critique, de la résolution de problèmes, de la communication et de la collaboration. Ces compétences sont essentielles et pourraient être reconnues comme telles, sans pour autant être l’objet d’un contrôle ministériel.

Le Québec pourrait ainsi se doter, avec la contribution du réseau de l’éducation, d’une vision intégrée de l’éducation numérique, basée sur l’arrimage des compétences numériques attendues, dans un continuum d’apprentissage, du préscolaire au collégial.

La formation des enseignants

Parallèlement à la définition et à la mise en place des compétences numériques des élèves, il importe de préciser les compétences attendues des enseignants. Pour ce faire, le CTREQ suggère d’impliquer les enseignants dont les compétences en numérique sont reconnues dans cette réflexion et dans la formulation de propositions. Chaque école pourrait ensuite soutenir son personnel enseignant afin d’avoir une équipe aux compétences variées (compétences informationnelles, compétences collaboratives, compétences cognitives). Il s’agit ainsi de développer des compétences reconnues en matière du « quoi », en laissant l’enseignant tout à fait autonome en ce qui concerne le « comment ».

La pédagogie

En matière de pédagogie, il faut soutenir davantage les enseignants en matière d’amélioration de l’apprentissage par la technologie dans leurs démarches d’enseignement et d’apprentissage. Pour ce faire, il faudrait développer une approche où les enseignants seraient reconnus par leurs pairs, leurs dirigeants et les parents. Encore une fois, il faut définir le « quoi », c’est-à-dire les compétences à développer, avant de définir le « comment ».

Photo : Shutterstock : Gladskikh Tatiana’s