
Troubles et estime de soi à l’adolescence des enfants adoptés à l’étranger
Les enfants adoptés à l’étranger ont souvent connu des conditions de vie précaires dans leur pays d’origine. La plupart d’entre eux n’a pas reçu les soins médicaux appropriés et a souffert de malnutrition, d’un manque d’hygiène et de stimulation. Ces expériences de privation peuvent avoir affecté leur développement longtemps après l’adoption.
Des effets sur le développement longtemps après l’adoption
Les enfants adoptés à l’étranger ont souvent connu des conditions de vie précaires dans leur pays d’origine. La plupart d’entre eux n’a pas reçu les soins médicaux appropriés et a souffert de malnutrition, d’un manque d’hygiène et de stimulation. Ces expériences de privation peuvent avoir affecté leur développement longtemps après l’adoption.
Lorsqu’ils arrivent dans leur famille d’adoption, ces enfants présentent de nombreux retards de développement ainsi que des problèmes de santé et de comportement. Ils éprouvent davantage de troubles intériorisés et extériorisés que les enfants de la population en général. Ceux qui souffrent de la perte de leurs parents biologiques sont également plus susceptibles d’avoir une faible estime de soi.
Malgré cette prédisposition, on constate que la famille adoptive a une influence considérable sur le développement de ces jeunes et sur leur bien-être psychologique. L’adoption constitue généralement une intervention positive dans leur vie.
La présente thèse, présentée comme exigence partielle du Doctorat en psychologie, examine l’influence de divers facteurs liés aux milieux de vie des enfants avant et après l’adoption sur leur adaptation psychologique à l’adolescence.
L’influence prédominante de certains facteurs
Dans un premier temps, l’étude vise à mesurer les effets des facteurs de risque que présentent les enfants au moment de leur adoption, du stress parental de leur mère adoptive et de la qualité de la relation avec elle sur leurs symptômes de troubles intériorisés et extériorisés et leur estime de soi à l’adolescence.
Pour cela, l’auteure a évalué l’état de santé de 69 enfants (57 filles) à leur arrivée dans leur famille adoptive et leur niveau de développement moteur et cognitif afin d’obtenir des indices de leurs conditions de vie avant l’adoption.
Plus tard, soit à l’âge de 15 ans, des mesures ont servi à évaluer les symptômes de troubles intériorisés et extériorisés des jeunes, leur estime de soi et la qualité de la relation avec leur mère adoptive. Les résultats indiquent que certains facteurs de malnutrition et de sous stimulation à l’arrivée prédisent les symptômes de troubles intériorisés et extériorisés et de faible estime de soi à l’adolescence. On s’aperçoit cependant que le stress parental des mères adoptives et la qualité de la relation mère-enfant ont eu une influence prédominante sur les variables d’adaptation psychologique à l’adolescence.
Stress parental et bien-être psychologique
Dans un second temps, la chercheuse s’est donné comme objectif d’identifier les mécanismes par lesquels le stress parental des mères adoptives peut affecter le bien-être psychologique de leur enfant à l’adolescence. Elle a ainsi cherché à mesurer l’effet médiateur des conflits mère-enfant sur les liens entre le stress parental et les symptômes de troubles intériorisés et extériorisés.
Des mesures ont été appliquées à un échantillon de 60 enfants (49 filles) adoptés à l’étranger et à leur mère adoptive. Les résultats indiquent que le stress parental des mères et la qualité de la relation mère-enfant sont corrélés aux symptômes intériorisés et extériorisés à l’adolescence. La qualité de cette relation a, en outre, un effet de médiation sur les liens entre le stress parental des mères et les symptômes de troubles extériorisés à l’adolescence.
L’importance de la famille adoptive
Au terme de ces deux démarches, la chercheure conclut que malgré leurs conditions de vie précaires avant l’adoption, les enfants de son étude présentent en définitive peu de symptômes de troubles intériorisés et extériorisés à l’adolescence, et leur estime de soi est bonne.
Certains des facteurs de risque relevés à l’arrivée des enfants dans leur famille adoptive restent des prédicteurs importants de leurs symptômes de troubles intériorisés et extériorisés à l’adolescence. Toutefois, le stress parental de leur mère adoptive et la qualité de la relation avec elle ont un effet prédominant sur l’adaptation psychologique à l’adolescence. De plus, les facteurs liés à leur famille adoptive sont les seuls prédicteurs de leur estime de soi.
Pour la chercheuse, l’ensemble de ces résultats confirme l’importance de la famille adoptive pour favoriser l’adaptation psychologique à l’adolescence des enfants adoptés à l’étranger.
Références
Melançon, F. (2021). Étude longitudinale de facteurs associés aux symptômes de troubles intériorisés et extériorisés et à l’estime de soi à l’adolescence chez des enfants adoptés à l’étranger. Thèse présentée comme exigence partielle du Doctorat en psychologie, UQAM, avril.
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