Éveiller la citoyenneté chez les jeunes : un défi collectif

Une question de survie pour les sociétés démocratiques 

La participation citoyenne réfère aux actions individuelles et collectives qui ont pour but d’identifier et de résoudre des problèmes d’intérêt public (APA, 2009). Elle est un pilier fondamental des sociétés démocratiques. Pour que ces sociétés demeurent vivantes et représentatives, il est essentiel de former des générations conscientes des enjeux sociaux, politiques et environnementaux (Grütter et Buchmann, 2022).  

L’adolescence comme moment clé 

L’adolescence est une fenêtre de possibilités unique, puisque plusieurs dimensions du développement convergent pour favoriser la participation citoyenne. Sur le plan cognitif, les jeunes développent leur pensée abstraite et leurs fonctions exécutives, ce qui leur permet de réfléchir à des enjeux complexes. Sur le plan moral, les jeunes commencent à s’interroger sur ce qui est juste ou non, en s’appuyant sur des valeurs comme l’équité et la solidarité. Sur le plan identitaire, en s’impliquant dans des causes qui leur tiennent à cœur, les jeunes explorent leurs valeurs et apprennent à se définir comme des citoyens actifs et responsables. Sur le plan social, la participation citoyenne permet de tisser des liens avec la communauté, ce qui renforce le sentiment d’appartenance et le soutien social (Wray-Lake et Ballard, 2023). 

Une affaire de tous et de toutes 

Le développement de la participation citoyenne à l’adolescence repose sur l’action concertée de plusieurs acteurs (Le et al., 2024 ; Pang et al., 2022 ; Wray-Lake et Ballard, 2023).  

Les parents jouent un rôle central. En discutant d’enjeux d’actualité, en partageant leurs valeurs et en s’impliquant eux-mêmes, ils agissent comme modèles et transmettent l’idée que l’engagement est une responsabilité citoyenne. En valorisant l’engagement et en établissant des normes sociales positives, les pairs peuvent aussi encourager leurs amis à s’impliquer et à développer des attitudes axées sur la citoyenneté. 

L’école et la communauté offrent également des contextes structurés pour explorer et exercer la participation citoyenne. Les discussions en classe, les projets collectifs et les activités parascolaires permettent aux jeunes de développer leur pensée critique, leur leadership et leur pouvoir d’agir. À cet effet, le programme Culture et citoyenneté québécoise, devenu obligatoire en 2024, vise à préparer les élèves au « vivre ensemble », à réfléchir à leurs responsabilités sociales et à s’engager activement dans la société. Ce type de programmes dans les écoles secondaires est crucial. Puisque tous les élèves y sont exposés, l’école peut compenser pour des milieux de vie où la participation citoyenne est peu valorisée. 

Les réseaux sociaux jouent enfin un rôle déterminant, puisqu’ils permettent aux jeunes de s’informer, de s’exprimer et de se mobiliser, tout en rendant la participation citoyenne plus visible et accessible. 

Des pistes d’action 

Pour renforcer la participation citoyenne à l’adolescence, plusieurs pistes d’action peuvent être mises en œuvre. Premièrement, il est essentiel de promouvoir le développement de compétences et de valeurs, comme l’altruisme et la solidarité. Ces qualités soutiennent naturellement l’envie de s’engager pour le bien commun. Deuxièmement, il importe de sensibiliser les parents à l’importance de discuter d’enjeux sociopolitiques à la maison et de s’impliquer eux-mêmes. Troisièmement, à l’école et dans la communauté, il est important d’offrir aux jeunes des occasions de s’engager collectivement avec leurs pairs autour de projets concrets. Les impliquer dans des instances – conseils étudiants, comités jeunesse – où leur voix est entendue renforce aussi leur sentiment d’utilité et de pouvoir d’agir. Quatrièmement, les réseaux sociaux doivent être considérés comme des outils d’intervention à part entière afin de stimuler, de diffuser et de faciliter les occasions de mobilisation citoyenne. En combinant ces leviers, nous participons tous et toutes à créer un environnement propice à l’éveil et à la consolidation de la participation citoyenne chez les jeunes. 

 

* Cet article est un résumé d’un chapitre soumis dans le livre à paraître aux Presses de l’Université du Québec « L’adolescence : une approche développementale et multidisciplinaire pour comprendre et expliquer l’adaptation » sous la direction d’Isabelle Thibault et de Katherine Pascuzzo.